08 avril 2011

Cluzet : ne le dites à personne ?



Ne le dites à personne, mais, scoop parmi les scoops, j'étais avec François Cluzet en classe de première, en 1972-73. Alors, ça fait cliché, mais “oui, je le savais : il était déjà un acteur né, c'était évident !” (Je plaisante !)

Premier public en première
En réalité, les quelque quarante élèves de cette classe de première furent son premier public.

Celui que nous surnommions Cluzbu arrivait au collège en moto, une 125 rutilante, ce qui lui conférait déjà un réel prestige (et lui servira plus tard pour sa prestation dans “Association de malfaiteurs” de Claude Zidi). Extrait d'un de ses premiers rôles :
Ah, les mecs, vous devinerez jamais ! Samedi soir, je sortais d'une fête, avenue de Neuilly, [murmures admiratifs] j'étais complètement bourré - de la vodka, si, si, j'avais dû en siphonner une bouteille entière [Wouaaaah !] - alors j'ai roulé vite, pour que l'air frais me dessaoule. J'ai fait une pointe à 120-130 au démarrage d'un feu [exclamations dans le public] Mais rien à faire, j'ai dû m'arrêter pour vômir au pied d'un arbre… [Ôoooh…]
L'une de ses prestations favorites consistait à imiter l'indien à cheval, secoué par le galop, prélevant une flèche de son carquois, bandant son arc et décochant la flèche au professeur de français pendant qu'il écrivait au tableau. Le jeu consistait à terminer la scène avant que le prof', alerté par les éclats de rire, ne se retourne…

(cliquez sur la photo pour zoomer)
1 = François Cluzet
2 = Jean-Luc Tafforeau, fondateur et gérant des éditions AO
3 = Jean-Marc Croquin, prof d'éco

Le hasard allait relier François Cluzet et l'édition, puisque le prof d'économie de la photo, Jean-Marc Croquin, a publié aux éditions AO Mon Caractère propre, récit d'une journée dans l'établissement scolaire cette année-là. Nous l'appellerons Collège Wencelas… Extrait.
www.ao-editions.com
François doit avoir 17 ans à peu près. Il est doué, mais ne fait pas grand-chose. Totalement sûr de lui, il m’exprime sa ferme volonté d’arrêter le lycée le plus vite possible.
« Vraiment, c’est désolant, François. Tu as des dons multiples. Le bac n’est qu’à quelques encablures, tu as fait le plus long et le plus difficile. Ne renonce pas à la reconnaissance que le bac sera pour tes mérites. Pourquoi te mettre dans une situation très difficile à gérer, alors même que… »
Mais il paraît ne pas entendre. Il répond fort poliment, sait jouer avec les expressions de son visage. Il s’en ira bientôt de Wenceslas discrètement, laissant ses parents bien embêtés et ses professeurs désolés d’une telle inconscience. Aujourd’hui, présent sur tous les écrans, François est l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Que se serait-il passé s’il avait écouté mes bons conseils ?