31 octobre 2015

Ventes de livres : mises en place et retours

Les chiffres de ventes annoncés par nombre d'éditeurs, souvent spectaculaires, sont à la fois vrais… et faux ! Comment est-ce possible ?
Le site TouteLaTélé nous l'expliquait à partir de l'exemple du livre (?) signé Nabila, Allô, non mais allô quoi !.

Quand un livre est publié, et que l'éditeur dispose des réseaux de diffusion “universels”, celui-ci est envoyé par les diffuseurs aux libraires pour une “mise en place” dans leurs rayons. La quantité peut se révéler importante si chaque libraire accepte de disposer une pile conséquente dudit livre sur ses présentoirs. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que la totalité de ces livres sont vendus à ces libraires, et payés par eux (dans les délais d'usage).

Par la suite, que se passe-t-il ? Eh bien l'on passe aux fameux “retours”. Au bout de quelques mois, les libraires retournent les invendus au diffuseur, et les éditeurs remboursent les ventes encaissées. Et ce n'est qu'à ce moment-là que l'on connaît les ventes réelles.

Il est donc aisé à un éditeur d'annoncer des “ventes” considérables au moment de la mise en place. Il ne ment pas, puisque les livres sont bien facturés. Pour connaître les ventes réelles, il n'y a qu'une solution : examiner les “sorties de caisses” des librairies, ce qui est estimé par sondages (panels).
Dans l'exemple de Nabila, la mise en place avait donné lieu à 34000 “ventes”. Il semble, d'après l'article précité, que les ventes réelles se limitaient à 1200 exemplaires dans les 10 premiers jours, ce qui est à la fois beaucoup… et très peu eu égard à la visibilité du livre dans les librairies (34000 exemplaires, donc…).
Même exemple pour le livre de François Fillon, Faire (quel horrible titre, un brin scato, excusez l'association d'idées, mais c'est difficile de ne pas y songer), était annoncé comme vendu à 50000 exemplaires alors qu'il s'agissait de la mise en place. Les ventes réelles, au bout de quelques semaines, étaient de l'ordre de 15000. Un score honorable, mais largement inférieur tout de même.

Enfin, au bout d'une période de 3 à 18 mois, une fois les retours entièrement comptabilisés, les ventes réelles finales sont connues. Quant aux exemplaires retournés, ils sont soit soldés (peu fréquent), soit carrément pilonnés (le plus souvent).

Aux éditions AO, nous ne nous sommes pas engagés dans la diffusion universelle pour deux principales raisons :
1. Imprimer plusieurs milliers d'exemplaires et les confier à un diffuseur est onéreux. Le risque est énorme (imaginez ne serait-ce que 5000 exemplaires à 2 €… cela fait 10000 €)
2. Lors de la mise en place, encore faut-il que la notoriété du livre soit suffisante pour que les libraires acceptent de le mettre en place. Dans le cas contraire, soit ils refusent de le faire, soit ils font des retours immédiats, au moment de la livraison.
Cela ne nous a pas empêché d'approcher les 1000 exemplaires vendus pour un de nos livres, et ce, sans retours. Des ventes “nettes de chez net”.

Autres pages à consulter :
Le site BFM-TV à propos du livre de Cambadélis, vendu à 326 exemplaires.
L'article du Parisien relatant les différences entre chiffres de ventes et tirages.