La Loi du plus faible, de John Grisham, date de 1998 (The Street Lawyer). Le roman a donc plus de vingt ans ; il n'en reste pas moins d'actualité. Une fois de plus, le célèbre romancier nous plonge dans le monde des avocats américains. La profession, de ce côté de l'Atlantique, diffère largement de la conception que nous pouvons en avoir en France. Extrêmement nombreux, les avocats des États-Unis sont pour la plupart des hommes d'affaires, quitte à ne jamais plaider. Les quelque 800 “lawyers” du cabinet Drake & Sweeney travaillent 80 heures par semaine, espérant un jour devenir “associés” et gagner plus d'un million de dollars par an.
La Loi du plus faible débute par une scène spectaculaire de prise d'otages. Un SDF noir parvient à enfermer une douzaine d'avocats du cabinet dans une salle de réunion, et à leur faire prendre conscience de ce qu'il a subi, jeté à la rue suite à une expulsion musclée organisée frauduleusement par l'un des avocats de Drake & Sweeney. Parmi les otages, Michael Brock ignore tout de ces malversations. Échappant de peu au tir d'un sniper de la police qui abat le preneur d'otages, il va soudain prendre conscience de l'absence de sens de sa carrière… et devenir un “avocat des pauvres”.
Grisham nous emmène alors dans un suspense bien mené, Me Brock tentant de rendre justice aux déshérités expulsés illégalement, engageant un bras de fer risqué avec son ancien employeur, tout en intervenant pour restaurer les droits de ceux qu'il a désormais vocation à aider. C'est documenté, précis, conduit avec un sens du scénario devenu la marque de fabrique de l'auteur. Au passage, nous apprenons moult choses sur la société américaine, y compris… les prix, salaires, tarifs, tant les Américains s'attachent toujours à chiffrer ce qu'ils évoquent. Exemple : un avocat comme Michael Brock facture son temps 300 dollars de l'heure (il y a près de vingt ans !), y compris pour un déjeuner avec un collègue pour discuter du dossier d'un client (deux intervenants plus… le prix du repas).
Le coin du réviseur de texte
Comme souvent, nous ajoutons nos notes de “lecteur-relecteur”. La perfection n'est pas de ce monde, la formule est connue. Découvrir de rarissimes “coquilles” dans ce livre nous rassure, en quelque sorte, sur notre imperfection, et nous fournit quelques pistes de vigilances futures.
Les numéros de pages se réfèrent à l'édition 2001 (réimpression 2014) en collection Pocket, numéro 11157.
Se méfier des noms propres
On croit toujours que les noms propres – personnages, lieux – n'ont pas besoin d'être vérifiés. Erreur ! Au contraire, nous sommes tellement habitués à les lire qu'on peut oublier des lettres parasites. Page 55, la ville de Washington est orthographiée “Washinghton”. Pas si facile à repérer…
Apostrophes et guillemets
Page 115, une double apostrophe s'est intercalée dans “j''ai rouvert la mystérieuse chemise”. Encore plus ardu à repérer. Ce genre d'incident est plus courant qu'on ne pense…
Qui était Madeleine ?
Page 230, il ne s'agit pas d'une coquille, mais au contraire d'un truc à retenir. Vous connaissez peut-être l'expression “pleurer comme une madeleine”. Attention ! Il ne s'agit pas d'une madeleine de Proust (le gâteau, qui ne pleure pas), mais bien d'une femme, Madeleine, avec une majuscule, en référence à Marie-Madeleine pleurant au pied du Christ en croix.
Les cabinets d'affaires ont des ailes
Page 334, une erreur étonnante : “dans le monde implacable des gros cabinets d'allaires”. Nul doute qu'un correcteur orthographique l'aurait identifiée. Une allusion prémonitoire et cachée au personnage de Connelly, l'avocat Michael Haller ?