18 février 2020

Où l'on dénote ce qui détonne

Parmi les coquilles fréquemment rencontrées dans les textes que nous révisons, mais aussi ceux que nous lisons pour le plaisir, figure cette confusion extrêmement fréquente entre trois verbes : dénoter, détoner et détonner. Nous venons de la retrouver dans ce livre de souvenirs de Jean-Paul Belmondo, Mille vies valent mieux qu'une (Fayard, 2016 et Le Livre de Poche) à deux reprises (*). De quoi douter !

Ouvrons un dictionnaire…

Dénoter
Indiquer, désigner par quelque caractéristique. Exemple : “Son attitude dénote un certain courage.”
Note : ce verbe est transitif. On ne peut “dénoter” tout court…

Détonner
Sortir du ton, autrement dit : chanter ou jouer faux.
Plus largement : ne pas être dans le ton, ne pas être en harmonie avec un ensemble.
Une couleur peut ainsi détonner avec d'autres, une phrase détonner dans un discours par rapport à son ton d'ensemble…

La confusion rencontrée à de si nombreuses reprises consiste à utiliser le verbe dénoter alors que le sens est à l'évidence détonner. Peut-être parce que dénoter pourrait faire penser à “ne pas être dans la note” (de musique), allez savoir ?

Détoner
Exploser avec bruit. Un mélange gazeux peut soudain détoner. “Détonation”, utilisé correctement, en vérifie la pertinence.

À noter, donc, qu'il nous faut sans cesse annoter les textes relus, en relevant les usages incorrects de ces trois mots.

(*) Par exemple page 101 de l'édition poche : “Vieux sociétaire de la Comédie-Française, […] il dénote par son goût pour la marginalité, l'originalité.”