18 juillet 2012

Georges Moréas au 5/7 de Dorothée Barba

Georges Moréas était ce 18 juillet au matin l'invité du 5/7 de Dorothée Barba sur France Inter. Elle a interviewé le “blogueur-policier” sur l'actualité de la police.


L'émission peut être réécoutée sur le site de la radio, à ce lien http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=411161

Rappelons que le livre de souvenirs de Georges Moréas, Un Flic de l'Intérieur, a été récemment réédité par les éditions AO André Odemard. Une bibliographie complète de ses livres est disponible sur ce blog à cette adresse : ao-editions.blogspot.fr/2011/12/une-bibliographie-de-georges-moreas.html
Son blog, Police Et Cetera, est accessible à l'adresse moreas.blog.lemonde.fr

COMPTE RENDU DE L'ÉMISSION

Georges Moréas a relevé l'importance de la peur dans le métier de policier : oui, les policiers peuvent avoir peur. Car la peur permet la prudence. Si on perd cette peur, on devient dangereux, a-t-il insisté.
Après avoir quitté la police, ce commissaire principal, spécialiste du grand banditisme, a écrit des romans et des scénarios de séries. Quand on lui demande si les romans policiers doivent être proches de la réalité, il répond que ce qui compte avant tout c'est l'histoire, puis les idées que l'on fait passer.

Sur les retranscriptions des conversations de Merah, Geroges Moréas les trouve déjà “trop longues” à lire, et évoque une erreur psychologique dans le choix de l'interlocuteur de Merah, que ce dernier connaissait déjà. Un négociateur du RAID aurait été, selon lui, préférable, sans bien sûr préjuger du résultat. Car “il s'agissait de le neutraliser” compte tenu du danger. Un policier doit “faire au mieux” dans de telles circonstances. “C'était difficile” conclut-il, avant d'estimer que les retranscriptions ne devraient pas être dans la presse, même si le son est “moins violent” que l'image. D'ailleurs, si le procès de Merah avait eu lieu, son absence de remords et les débats auraient été sans doute bien pire pour les proches des victimes.

Sur le secret défense qui entourerait certains aspects de l'affaire, Moréas trouve “invraisemblable” qu'une affaire de police judiciaire puisse être concernée. Lors d'une action de PJ, un juge d'instruction est saisi, les renseignements sont dans son dossier. Si le secret défense empêche de les traiter, il n'y a plus de justice.

Les rapports entre la police et la population. Georges Moréas ne pense pas qu'il y ait à proprement parler une “défiance” vis-à-vis de la police. Ce qui choque, relève-t-il, ce sont les quelques fois ou des policiers (et non “les” policiers) se “mettent hors du coup et donnent une mauvaise image de la police”. Il constate que, dans certaines banlieues, les policiers se sentent en danger, ce qui peut expliquer des “ripostes intempestives”. C'est le “cercle vicieux de la peur”, qui sera très difficile à casser, alors que c'est une intention louable. Dans ces cas, la peur devient mauvaise conseillère.

Le tutoiement ? Anecdotique, on en parlait déjà il y a trente ans, répond Moréas. Tout est dans la manière : un policier s'adressant à un jeune qui pourrait être son fils peut, selon lui, le tutoyer. Il en va de même dans les contrôles d'identité. Le policier agit en fonction de son intuition, de l'ensemble de la personnalité des gens qu'il a en face de lui. Mais si le critère est uniquement la couleur de peau, alors c'est du racisme. Et si la “course au chiffre a échoué”, c'est parce qu'elle empêche de mettre en valeur l'initiative, porteuse de responsabilité, le tout dans un cadre précis bien entendu. La vraie question demeure “est-ce utile ?” insiste enfin Georges Moréas, concluant son interview par un “on emmerde trop les gens, il ne faut pas emmerder les gens !”