06 novembre 2020

Frais postaux : laissez-nous vivre !

Coup de poignard dans le dos en pleine crise

La Poste vient d'annoncer une hausse spectaculaire des frais d'envois de livres, dépassant de fait 50% pour un éditeur assurant lui-même une grande partie de la diffusion de ses livres.
 
En cette période difficile pour la filière du livre – et en particulier pour les éditeurs dits “indépendants” – ce coup de poignard dans le dos est, je pèse mes mots, abject ! 
 

Une pétition a été mise en ligne sur Change.org

INFO MARS 2021 : Si vous êtes professionnels, contactez le service ad hoc de la Poste, il est désormais possible de commander des enveloppes suivies prépayées au tarif 2020. Les éditions AO remercient sincèrement «HK» pour les avoir conduites dans le labyrinthe des tarifs… jusqu'à bon port !


En fin d'article : Proposition d'action : “Joyeux Noël, la Poste !”

 

Rendez-vous en fin de ce “post” pour une action symbolique. Mais auparavant, expliquons-nous. 


Je connais le syndrome "TLDR" = "Too long, didn't read". Néanmoins, les 5 minutes nécessaires à la lecture de cet article vous seront utiles.

 

Quel est le problème ?

Rien de tel que des explications claires et précises…  Les voici !

Le Diable de Montchat, de Jacques Morize, format 13 x 20,5 cm, 272 pages, 275 g

Rappelons que le livre est un produit relativement lourd au regard de son format : rarement moins de 250 grammes, plutôt 300 à 450 grammes.


Ce livre entre tout juste dans l'enveloppe 500 g largeur 139 mm, car il mesure 130 mm de large 
 

Une “évolution”… terriblement régressive ! 


Vous connaissez la formule : “Nos conditions de vente évoluent”.
Quand on lit cela, il faut s'attendre au pire !
 
Tout est résumé dans cette image (cliquez pour zoomer) :


En 2020, l'envoi d'un livre comme Le Diable de Montchat revenait à 3,49 € HT (en bas à droite) avec l'enveloppe 500 g, tandis qu'un livre plus volumineux (comme La Neige sera rouge à Noël, un excellent suspense soit dit en passant) qui excède les 500 g coûtait 4,24 € HT avec l'enveloppe 1 kg.
 
En 2021, le premier exigera l'achat de la grande enveloppe 500 g, au prix de 5,50 € HT. La hausse de fait est donc de + 58%. Pour le second, il faudra recourir à une pochette souple Colissimo 1 kg, vendue 7,08 € HT, soit une hausse de + 67%
 
Que les enveloppes soient plus grandes n'est pas déterminant. Peu de livres sont au format A4… et pesant moins de 500 g ! 
 
Quant à l'enveloppe XS 250 g à 3,74 € HT, elle n'est pas d'une grande utilité. Compte tenu du poids de l'enveloppe elle-même (environ 40 g), on ne voit pas ce qu'on peut envoyer avec, à part peut-être quelques mouchoirs ?


Livres “moyens”, en résumé !


“Gros” livres, en résumé !
 
NOTE : les autoentrepreneurs qui ne récupèrent pas la TVA sont encore plus pénalisés, il est important d'en être conscient.

Quid de la lettre affranchie avec des timbres “rouges” ?

La lettre prioritaire, dans sa tranche 500 grammes, demande 6 timbres “rouges”, soit 6,96 € (sans TVA récupérable), auxquels il faut ajouter le prix d'une enveloppe matelassée et une étiquette suivie à 0,50 €, soit 7,70 € au minimum.

 

Quand un éditeur autodiffusé envoie un livre à un libraire, quelle sont ses contraintes ?

Voici un exemple pour un livre vendu 20 € (*) prix public.

1. La remise consentie aux libraires est de 30 à 35%, soit de 6 à 7 €.

2. Pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre qu'il est impossible de facturer le port au libraire. 4 € en moins sur sa remise, voire désormais 6,60 € au tarif 2021… il ne lui resterait rien !

3. Pour l'éditeur, donc, s'il consent ne serait-ce que 30% et prend en charge 4 € de port, il lui reste 10 € (50%)… et seulement 7,40 € (20 - 6 - 6,60) au tarif 2021 – le total de ses frais dépasse 60% ! 

Ironie du sort : la Poste se trouve, ici, mieux rémunérée que le libraire… et deux fois plus que l'imprimeur ! N'oublions pas que sur ces 7,40 €, l'éditeur devra financer environ 1,60 € de droits d'auteur et 3 € de frais d'impression (tirages modestes). Son “reste à vivre” pour se rémunérer descend à 2,80 € par livre. 

 

Et pour les ventes en ligne ?

Dans le cas des ventes en ligne, la marge de l'éditeur est-elle plus importante ?

La réponse est affirmative, pour deux raisons :

  1. Sur un site web comme celui des éditions AO, les commissions versées au prestataire informatique sont de l'ordre de 15% tout compris, ce qui laisse plus de marge de manœuvre. Sur Amazon, en revanche, nous devons acquitter 35% de remise, tandis que le port remboursé est de l'ordre de 2,20 €.
  2. Les acheteurs en ligne sont invités à payer des frais de port. Mais on sait qu'il y a des limites ! Combien, parmi vous, lectrices et lecteurs, acceptent de payer 6,60 € de port pour recevoir un livre à 20 € ? Pas beaucoup, j'en suis convaincu ! Aussi sommes-nous contraints de réduire ces frais de port à 2 ou 3 €, ce qui est déjà beaucoup.

Dans l'exemple du Diable de Montchat, le site des éditions AO vous le propose en ligne avec des frais de port limités à 1,94 € (lettre verte 100 g).


Conclusion: n'assassinez pas les “petits” éditeurs, mesdames et messieurs de la Poste


“I had a dream” : que la Poste conserve une (petite) mission de service public en favorisant la fluidité des échanges sur le territoire. Avec des tarifs “raisonnables”, de l'ordre de 2,50 € pour un livre de moins de 500 grammes, ça resterait jouable, et développerait l'activité du secteur. C'était le rôle des missions de service public : être des accélérateurs de rentabilité, et donc d'activité, pour l'économie. Tout le monde s'y retrouvait.
Mais il est vrai que ce “dream is over”, comme dirait John Lennon…
 
Encart publicitaire éditions AO (Faut c'qui faut !) 
 
Number Nine : hommage à John Lennon, disponible relié (24 €) ou broché (22 €)

Et pendant ce temps, nos Ministres de la Culture et de l'Économie se félicitent d'avoir “offert” les frais postaux aux libraires pendant le confinement, afin qu'ils puissent expédier leurs commandes par correspondance.
 
 
Très bien : merci pour les libraires ! Nous en sommes heureux, car sans librairies, nous ne serions pas grand-chose. En revanche, les Ministres savent-ils ce que trame la Poste “en même temps” ? 

Proposition d'action : “Joyeux Noël, la Poste !”


Voici ce que je vous propose :
Vous achetez une enveloppe XS 250 grammes à 4,49 € (TTC), et expédiez un de vos livres en cadeau à nos amis de la Poste, à l'adresse suivante (officielle) :
Service Clients
99999 La Poste
Si votre livre pèse plus de 250 grammes la surtaxe sera à la charge du destinataire, elle sera donc payée par le Service Clients… à sa propre société.

Joignez-y un courrier à en-tête de votre société et rappelez le lien vers cet article de blog :

« https://ao-editions.blogspot.com/2020/11/frais-postaux-laissez-nous-vivre.html »


Ce sera l'opération “Joyeux Noël, la Poste !” 
 


  Les éditions AO

03 novembre 2020

Confinement, etc.

En ce début novembre, la plus grande confusion règne malheureusement sur les modalités de commercialisation des livres dans notre pays. Sans entrer dans des polémiques, contentons-nous ici de lister les mesures que nous prenons et les propositions que nous vous adressons.

Amazon. Les éditions AO vendent modérément sur cette plate-forme (voir notre article précédent). Nous y sommes présent par l'intermédiaire de CyberScribe, émanation de Dilicom (fichier électronique du livre et infrastructure de commande pour les libraires, Dilicom). Nous avons décidé de placer notre catalogue “en vacances”, même si, soyons honnêtes, cela n'aura pas de conséquences déterminantes sur nos ventes. La même mesure est prise pour notre “passerelle” CyberScribe avec la FNAC.

Librairies. Si elles sont officiellement fermées, elles semblent autorisées à vendre en “click and collect”, autrement dit des commande en ligne (ou par téléphone) suivies de retraits sur place. Voici une liste non limitative de librairies connaissant bien et soutenant les éditions AO, à qui vous pouvez vous adresser. Nous sommes en mesure de les fournir.

Notre site web. Et si vous résidez trop loin de ces librairies, ou pour les précommandes de nos nouveautés, notre site web reste ouvert – nous ne pourrions nous en passer ! – pour servir vos commandes.

  • Librairie du Parc. 94, boulevard des Belges 69006 Lyon, page Facebook
  • Librairie-café Un Petit Noir. 57, montée de la Grande-Côte, 69001 Lyon, site web, page Facebook
  • Lettres à Croquer. 104, cours Émile Zola 69100 Villeurbanne, page Facebook, commandes (et disponibilités) sur le site Chez-mon-libraire.fr.
  • Librairie Fantasio. 33, avenue Henri Barbusse 69100 Villeurbanne, page Facebook, commandes par mail ou au 04 78 84 89 47 possibles
  • Librairie Le Scott. 39, rue de Saint-Cyr 69009 LYON, site web, 04 78 83 77 72. Important stock de la série du commissaire Séverac
  • Librairie Le Bal des Ardents. 7, rue Neuve 69001 LYON, site web, page Facebook, 04 72 98 83 36, contact par mail
  • Librairie Vivement Dimanche. 4, rue du Chariot d'Or 69004 LYON, page Facebook, site web 
  • Librairie La Presse, à Monchat. 75, cours du Docteur Long 69003 LYON, site web, 04 78 53 07 89
  • Librairie Rive-Gauche. 19, rue de Marseille 69007 LYON, page Facebook, sur le site chez-mon-libraire.fr
  • Librairie La Page Suivante. 66, rue Duguesclin 69006 LYON, site web, 04 37 44 09 13
  • Librairie de Laplace. 12, place Ambroise Courtois 69008 LYON, page Facebook, par mail, sur le site chez-mon-libraire.fr
  • Librairie Cultures Papier. 102, route de Paris 69260 CHARBONNIÈRES, site web, 04 78 19 52 90 
  • Nous sommes également référencés auprès du magasin France-Loisirs de la Part-Dieu.

Que celles et ceux que nous aurions oubliés ne nous en veuillent pas, ce billet a été rédigé dans l'urgence, et sera complété dans les heures et les jours qui viennent. Pour trouver une autre librairie proche de chez vous, la liste des 400 librairies avec qui nous avons traité depuis la création des éditions AO figure à cette page de notre site.

Au lectorat de ce blog : vous pouvez toujours interroger votre libraire à propos de l'un des livres du catalogue des éditions AO, en leur précisant que nous sommes référencés sur le “FEL-Dilicom”, c'est le mot de passe qui ouvre le césame !


01 novembre 2020

Canaux de distribution

Tandis que la bataille fait rage autour des fermetures de librairies dans le cadre du confinement, il nous a paru intéressant d'analyser les ventes des éditions AO sur les dix premiers mois de 2020 au regard de leurs canaux de distribution.

En nombre d'exemplaires tout d'abord…

La diffusion par des tiers dépasse la moitié des exemplaires écoulés, les librairies indépendantes étant à égalité avec le total des autres canaux (28% contre 10+18%). Les “Grands Groupes” rassemblent les hypermarchés, des chaînes comme Decitre, France-Loisirs ou la FNAC (cette dernière étant très marginale).

Les ventes directes sont celles réalisées par les éditions AO sans intermédiaire, ainsi que par les auteurs, notamment lors de salons du livre ou de séances de décicaces (plus rares en 2020).

Les ventes en ligne restent modestes : seulement 3% pour Amazon, qui n'est donc pas pour les éditions AO un canal stratégique. Le site des éditions AO enregistre près de 10% des ventes, en particulier lors de préventes avant parution. Enfin, les ebooks, par construction vendus en ligne, totalisent quelque 400 exemplaires… en quantité toutefois !

Car ce sont plutôt les chiffres d'affaires qu'il faut examiner pour avoir une vision objective de l'ensemble :

Le prix modique des ebooks (4,99 €) et la commission versée au diffuseur numérique ramènent leurs ventes à seulement 5% du total.

En euros, la part des librairies indépendantes atteint le tiers des recettes et celle des grands groupes le quart.

La rubrique des diffuseurs et éditeurs extérieurs rassemble les ventes facturées par les éditions AO à leur diffuseur (sur certains titres) pour le Sud-Ouest, sachant que le contrat n'est entré en vigueur qu'en juin 2020, ainsi que les ventes effectuées à des éditeurs autres que les éditions AO, dans le cadre de prestations “livre en main” accomplies pour leur compte.

La conclusion est limpide : un petit éditeur comme les éditions AO doit absolument recourir à tous les canaux possibles. Les librairies indépendantes demeurent le premier canal de diffusion, mais il serait impossible de se passer des “grands groupes”. Enfin, Amazon n'est pas un canal important ; les éditions AO y sont présentes par l'intermédiaire de “CyberScribe”, émanation du gestionnaire du Fichier Electronique du Livre, Dilicom, et n'y ont enregistré que 4% de leur chiffre d'affaires. Le site des éditions AO, en revanche, est très efficace car il permet d'enregistrer des ventes dans des conditions de commissions tout à fait favorables : 9% en nombre de livres, 13% en euros…

Il est clair, quand on observe ces graphiques, que la fermeture des librairies, indépendantes ou pas, ne laisse à notre maison d'édition qu'un chiffre d'affaires amputé des deux-tiers…

En 2019, nous avions enregistré 28500 € de ventes à fin octobre, et 38000 € sur l'année entière. Le quart de nos ventes avait été réalisé au moment des fêtes de fin d'année ! La “décroissance” sur les dix premiers mois de 2020 est donc de 16%. Si novembre et décembre sont en partie compromis en raison de la pandémie, la baisse sur l'année pourrait dépasser les 25%.

Et qu'en était-il en 2019 ?

Durant cette année favorable, aux quantités record pour les éditions AO (plus de 4000 exemplaires vendus) et sans… virus, quelle était la répartition ?

La part des librairies indépendantes était légèrement plus importante : 36% contre 33%… mais, en valeur, ces ventes représentaient deux fois celles de 2020, même si ces dernières ne concernent encore que 10 mois. L'effet de “lockdown” du printemps 2020 est patent.

Les ventes directes étaient plus élevées, grâce aux salons et dédicaces, alors autorisés : 2 fois et demi plus importantes ! La part des grands groupes demeurait, en revanche, identique en valeur (un peu plus de 5000 €).

Les ventes en ligne restaient caractérisées par la marginalité d'Amazon (1000 €, moins de 100 livres), des ebooks plus nombreux mais peu rémunérateurs*, et un site web AO beaucoup moins actif, essentiellement en raison de l'usage encore limité des précommandes, une formule qui nous aide considérablement en 2020.

* Nous n'avons pas observé de “ruée” sur nos ebooks durant l'année 2020, même s'il est difficile de tirer des enseignements de volumes aussi réduits (75 exemplaires par mois).

Les quantités sont analysées ci-dessous :

 

Le suspense reste entier à l'heure où sont écrites ces lignes : que donneront ces mois de novembre et décembre, parmi les plus favorables en temps normal ? Il reste à espérer que nos nombreuses nouveautés attireront les fidèles clients des éditions AO sur notre site web, en attendant la réouverture de tous les détaillants de livres – en ce 1er novembre, en effet, la vente de livres est désormais interdite en France dans des magasins “physiques” (sauf les tabac-presse).

Vous l'aurez remarqué, nous sommes de grands amateurs de graphiques… Un petit dernier pour la route, cette route raide, pentue et encore mystérieuse qui nous sépare des “fêtes” de fin d'année :