26 janvier 2014

Vos mont(s) Blanc(s) n°11

Textes, photo et dessins de Bertrand

Je viens de terminer la lecture de votre livre. Et il m’a rappelé plein de beaux souvenirs. Bon, c'est sûr, je ne suis pas féru de la Montagne, enfin surtout de la Haute Montagne comme vous… Mais je mets tout de même un « M » majuscule à Montagne – sans doute pour la grandir encore plus – tant je la respecte, et j’aime y « crapahuter » un peu – pas assez souvent – mais à chaque fois que c’est possible…
Et je suis retourné deux fois en 2013 dans la région de Chamonix – ma fille habite Les Houches et travaille à Chamonix depuis l’an dernier…
Ma forme physique ne me permet plus de faire des courses en Haute Montagne, mais les « balades » au Lac Blanc, à la Flégère, ou au pied du Glacier des Bossons sont sympas également – même si, je le conçois, ce n’est pas de la Haute Montagne.

Cette Haute Montagne, je ne l’ai abordée que deux à trois fois, comme en 1999 lorsque j’ai « fait le mont Blanc ». Je l’avoue : comme beaucoup de monde, par la voie normale et le refuge du Goûter. J’avais alors une bonne condition physique, et pris tout de même la précaution de passer deux semaines sur place, afin de m’acclimater progressivement…
Ce livre me rappelle donc de grands et beaux souvenirs, car « on » avait fait le mont Blanc avec un guide, bien sûr, et avec ma fille qui avait alors 14 ans et 2 mois. Très grande aventure pour nous, préparée un an à l’avance avec quelques difficultés et turpitudes liées notamment à l’âge de ma fille – il avait fallu prouver notre bonne préparation… et notre “Grannnnde” motivation !
Ce livre me rappelle aussi d’autres souvenirs, puisque nous avons effectué un voyage au Pérou au mois de mai 2013… notamment pour aller voir notre fille – encore elle ! – qui travaillait alors à Arequipa. Elle a passé quatre mois au Pérou, un mois en Bolivie, et a fait…un trek dans la Cordillère blanche…

Rêver, un impossible rêve…

Le bonheur
au retour des cimes,
n'est pas tant d'en sortir vainqueur
que d'en revenir grandi…
xxxxx
Car la plus grande réussite
d'une ascension
n'est-elle pas de s'élever soi-même ?…
xxxxx
La Montagne, c'est un silence merveilleux
qui a tellement de choses à dire…

Tenter d'atteindre l'inaccessible Étoile…

(Cliquer sur l'imagette pour zoomer)


Je vous attends là…
Deux heures du matin,
La neige – le froid soudain,
Nous saisit les pieds, les mains.
Et le Mont majestueux
Presque irrespectueux
De nos désirs impétueux,
Ses flancs immaculés
De lumière inondée
Semble nous guetter,
D'un air de nous dire :
« J'veux bien vous accueillir,
Mais vous allez souffrir !…
Allez, petits, venez,
D'efforts, ne ménagez
Montez, escaladez
Sans vous essouffler,
Marchez à petits pas,
Grimpez jusqu'à moi.
Tandis que vous serez las,
Je ne bougerai pas,
Je vous attends là…
30-31 juillet 1999
(Cliquer sur l'imagette pour zoomer)


Lettre (ouverte) à ma fille

Si “l'instant” ne t'a pas forcément marquée,
Le Temps, en ta mémoire, se chargera de le graver.
Car après des mois de préparation,
Nous venons de vivre de grands moments d'émotion,
Au travers d'une passion, d'un projet commun,
Que nous sommes fiers d'avoir mené à bien.
Pendant que tu étais encore “accessible”,
Avant que pour moi il ne soit trop tard,
Nous avons choisi – voulu et pu – grimper jusqu'aux cimes.
J'ai bien conscience d'avoir, pour ma part,
Déjà “franchi” le sommet de mon “Everest”.
Je sais que toi, tu n'es qu'aux prémices
De tes projets plus ou moins “extra-terrestres”.

Que cette (première) ascension soit source d'énergie,
Aussi, je te souhaite “Bonnes escalades de la vie”.
Ton Papa,
Ton mont Blanc,
30-31 juillet 1999

(Cliquer sur l'imagette pour zoomer)

16 janvier 2014

Une bibliothèque en hauteur

L'un des marque-pages que nous avions édités pour les fêtes de fin d'année 2013 recourait à un jeu de mots entre “auteur” et “hauteur”. Certes, il n'est pas inédit ! Cependant, il prend un relief particulier aux éditions AO depuis la publication de Sacré mont Blanc ! (un voyage à 4808 mètres d'altitude) ou De Fils en Aiguilles (la parole d'un guide de “haute” montagne). Leurs deux auteurs, Marc Lemonnier et Jean-Claude Charlet savent prendre de la hauteur dans leurs propos sur la montagne et l'alpinisme, chacun dans son style propre.

Mais le slogan vient d'acquérir un sens nouveau depuis que nous avons eu le plaisir de rencontrer Ludovic Moucheront, gardien du refuge des Grands-Mulets – situé, rappelons-le, sur la voie normale “historique” du mont Blanc.

Ludovic a eu une idée bien sympathique : installer dans son refuge une bibliothèque. Et il est parti à la recherche de livres auprès d'éditeurs afin de garnir le meuble spécialement réalisé pour l'occasion, qui montera là-haut en hélico avec son contenu au printemps. Une nouvelle façon pour les livres des éditions AO de prendre de la hauteur : le refuge des Grands-Mulets est en effet installé à 3051 m d'altitude. Ce n'est peut-être pas la plus haute bibliothèque du monde, mais c'est tout de même déjà pas mal !

Nous avons donc remis à Ludovic deux exemplaires de De Fils en Aiguilles, et lui réservons un Sacré mont Blanc (actuellement en cours de réimpression), ce dernier livre comportant plusieurs pages consacrées à la Jonction et au refuge des Grands-Mulets.

Lecteurs de ce blog, si vous disposez de livres traitant de montagne en double, n'hésitez pas, prenez contact avec Ludovic par l'intermédiaire de son site web, il sera heureux d'enrichir son “fond”, pour le bonheur de ceux qui fréquenteront les Grands-Mulets ce printemps et cet été.

05 janvier 2014

Ciel de vie, de Véronique & Sébastien

Sébastien Haton, auteur aux éditions AO de Demain le ciel sera orange, vient de publier avec sa compagne et plasticienne Véronique LaFont un très beau livret en tirage limité (169 exemplaires). Nous avons eu le plaisir de nous procurer le n°27 !

Ce livret agrafé de 24 pages, format A5, illustré et entièrement en couleur, rassemble les textes écrits par Sébastien pour la sculpture textile conçue par Véronique, Ciel de vie. 13 échantillons de tissus reliés à un “ciel” par des fils rouges symbolisant la vie, et correspondant chacun à un âge de l'être humain, de zéro à cent ans.

Sébastien a respecté la thématique de Véronique, exprimée en quatre mots : éclosion, déploiement, maturation et dormance. Chacun de ses textes décrit les caractéristiques d'un âge. Sans déflorer le sujet, nous citerons juste trois formules extraites de “Âge 50” :
« Il t'arrive de ne pas savoir dire [ton âge] spontanément quand on te le demande… »
« L'on pense que tu fuis la réalité alors que tu t'ancres dedans »
« Il est trop tard pour devenir adulte, trop tôt pour être vieux »
Quelle justesse et pertinence pour un auteur qui est loin d'avoir atteint cet âge !
Sébastien montre une fois encore qu'il sait “écrire sous contrainte”, comme il le fit d'ailleurs pour les éditions AO avec ses contributions à À mots comptés.

Bravo à Véronique et Sébastien !

04 janvier 2014

Morgue pleine, morne réédition

Lors d'un passage dans l'excellente librairie lyonnaise Le Bal des Ardents je suis tombé sur ce roman de Jean-Patrick Manchette. Une bonne surprise : je croyais avoir tout lu de cet auteur de polar exceptionnel, eh bien non ! Morgue pleine (1973) ne figurait pas dans ma bibliothèque…

Manchette met en scène un personnage ô combien classique du polar, le détective privé. Eugène Tarpon est un ex-gendarme. Une bavure involontaire lors d'une manif l'a rayé des effectifs, et il survit dans son misérable appartement-bureau. Une jeune femme, curieusement nommée Memphis Charles, débarque pour demander de l'aide, suite à l'assassinat de sa colocataire.
L'intrigue se complique au fur et à mesure que Tarpon tente de la clarifier. La précision de la langue de Manchette permet de ne jamais être perdu, de garder les repères nécessaires pour suivre avec intérêt la progression de l'enquête. Contrairement aux romans anglo-saxons, les personnages sont toujours bien campés, signalés avec ce qu'il faut de précisions pour qu'on n'hésite jamais sur leur rôle et leur identité. Le titre rend compte du contenu : tant l'auteur que son personnage font preuve d'une “morgue” assumée dans leur façon de relater (ou de vivre) l'histoire, tandis que les cadavres s'accumulent, direction… la Morgue. Bref, du grand art !

Ce volume 89 de la collection Folio Policier déçoit cependant par sa facture. Pour des raisons de budget qu'on comprend aisément – mais que l'on ne peut que déplorer –, le texte n'a pas été saisi pour cette réédition. L'éditeur s'est contenté de scanner les pages de l'ancienne édition, avec malheureusement beaucoup de défauts : contrastes défectueux, caractères à moitié effacés, texte parfois flou.


Page 123 : les virgules ont l'air de points, ce qui gêne le rythme de lecture, des apostrophes manquent, des J ont l'allure de I, la marque Toronado devient Ioronado, le U majuscule est tronqué… bref, c'est le “boxon” comme l'écrit l'auteur !

On retrouve là les défauts de la numérisation en chaîne telle que la pratiquent GoogleBooks ou même la BNF (Gallica) et l'Imprimerie Nationale. Voilà qui ne fait pas honneur au livre !

De surcroît, des coquilles subsistent. Certaines ont de la classe, et étaient probablement volontaires, comme d'orthographier la marque automobile “Mercédès”, d'autres sont purement fortuites, comme au début du chapitre 14, lorsque le mot “échafaudage” revient trois fois dans le premier paragraphe, écrit deux fois avec deux F et une fois avec un seul…

Terminons avec ce choix de Manchette de jouer avec le verbe “hocher” (la tête), qui revient sans cesse dans les romans anglo-saxons, et dont il use à sa façon en le rendant intransitif. “J'ai hoché”, dit souvent Eugène Tarpon. Un bon exemple du style de l'auteur, qui fait d'un détail sa marque de fabrique…

03 janvier 2014

Vœux 2014 - et bilan 2013

Les éditions AO vous souhaitent à toutes et à tous – lectrices et lecteurs, autrices et auteurs, amatrices et amateurs de livres ou simples internautes venant consulter cet article – une bonne et heureuse année 2014. Comment ne pas voir dans le mot "quatorze" les deux lettres AO figurant en bonne place ? Ce sera notre clin d'œil typo-graphique à la nouvelle année qui commence !


Et c'est l'occasion de revenir sur l'année écoulée…

En 2013, les ventes de livres auront été en forte croissance : 1100 exemplaires vendus contre 766 l'année précédente. Grands mercis à tous celles et ceux qui ont ainsi manifesté de l'intérêt pour nos publications !


En 2013, les éditions AO ont publié trois nouveaux livres, venant s'ajouter aux deux nouveautés sorties à la toute fin de l'année 2012. Cinq “locomotives” qui ont représenté l'essentiel des ventes de l'année, soit quelque 750 exemplaires.


Ces ventes ont été rendues possibles par :
  • Le rôle accru des librairies dans la diffusion de nos livres, au premier rang desquelles la librairie Imaginez de Barcelonnette (près de 150 Puisque chante la nuit) et la librairie La Berlue de Florac (près de 100 Sacré mont Blanc !), sans oublier le diffuseur spécialisé montagne, Pierre Tardivel, qui a contribué aux ventes de Sacré mont Blanc ! en Haute-Savoie.
  • L'organisation de dix “manifestations”, séances de dédicaces et de présentation dans des librairies, participation à des salons du livre (Quais du polar à Lyon, Passy en Haute-Savoie et l'Autre Livre à Paris) et ventes privées, ayant permis la vente de 200 exemplaires.
  • Le lancement de deux souscriptions pour “doper” les précommandes de Puisque chante la nuit et Ode à la liberté (140 exemplaires au total).
  • Des actions de promotion sur les plus anciens titres du stock (sorties de 2009 et 2010) à hauteur de 150 exemplaires.
Nous remercions aussi chaleureusement nos plus fidèles clients qui ont répondu favorablement à notre offre spéciale pour les fêtes de fin d'année, près de vingt personnes pour deux fois plus de livres commandés.

Ouverture vers le numérique
En 2013, plusieurs titres ont achevé leur cycle de vente et sont désormais épuisés : Quand le bélier parle aux poissons, Des dômes et des hommes, et Tenir, les cris d'un prof de lettres. Parallèlement, nous avons noué un partenariat avec NumerikLivres, dynamique start-up basée dans la Haute-Garonne non loin de Toulouse, afin que nos livres épuisés ou en voie de l'être soient disponibles sous forme de livres électroniques. C'est d'ores et déjà le cas de Tenir et de la série Profession Régulateur, disponibles sur la plupart des plate-formes numériques, d'iTunes à Amazon en passant par la FNAC ou, bien sûr, le site de notre partenaire, NumerikLire.net.

Les impressions de livres ont approché les 1200 exemplaires sur l'année :
  • 400 exemplaires de Puisque chante la nuit (en trois tirages)
  • 150 exemplaires de Sacré mont Blanc !, retirage venant s'ajouter aux 330 imprimés fin 2012
  • 110 exemplaires de Ode à la liberté, un petit tirage destiné pour l'essentiel aux souscripteurs
  • 500 exemplaires de De Fils en Aiguilles, paru en toute fin d'année à la mi-décembre, et qui a très bien démarré (plus de 200 ventes à facturer début 2014).
Les hasards de nos opportunités éditoriales ont placé l'année sous le signe de la montagne et de l'alpinisme. Après Sacré mont Blanc !, écrit par un alpiniste amateur enthousiaste, c'est au tour d'un professionnel, le guide Jean-Claude Charlet, de publier aux éditions AO sa “parole de guide” (De Fils en Aiguilles), tandis que le jeune Théo Giacometti, auteur de Puisque chante la nuit, roman pourtant situé au Nebraska, est pour sa part originaire et habitant de Barcelonnette, dans les Alpes de Haute-Provence.

En conclusion…
Il ne nous reste plus qu'à redoubler d'efforts, d'imagination et de prospection pour que l'aventure se poursuive, et que nous puissions tous ensemble, éditeur, auteurs et lecteurs, développer l'activité des éditions AO !

On me pardonnera la tonalité très “langue de bois d'entreprise” de cette conclusion, pourtant opportune me semblé-je, que je complèterai donc par deux phrases tirées de l'inénarrable site Pipotronic.com, spécialisé dans ladite langue de bois managériale :
  • En rebondissant sur la bulle référentielle, les cadres doivent monitorer les expertises développement.
  • En réaction à la mutation asymétrique, les N+1 doivent intervenir dans les retours d'expérience chiffrables.
Nous vous laissons méditer ces phrases à la signification aussi évidente que pertinente !