24 février 2016

Ludovic Francioli et Dora-Suarez-leblog

Aux catalogue des éditions AO, le roman noir occupe une place de choix, dans toutes ses nuances. C'est pourquoi nous avons accepté avec enthousiasme de répondre à l'appel de l'association Dora-Suarez-Leblog, qui souhaitait créer une collection au format de poche afin de promouvoir les auteur(e)s remarqués lors de ses actions de promotion — remise de Prix, séances de dédicaces et autres événements consacrés à cette littérature très actuelle.

Le fondateur et président de l'association, Ludovic Francioli, a été récemment reçu par RJL-Lyon (94,5 FM). Interviewé par Patricia Drai, il a pu développer pour les auditeurs les tenants et aboutissants de sa démarche. L'émission peut être réécoutée à ce lien

Lors de la remise des Prix Dora-Suarez-Leblog, à la librairie Fantasio (Villeurbanne). Au fond : Hervé Blanchard (libraire) et Ludovic Francioli.

Si le blog, créé en 2012, qui a donné naissance à cette aventure s'appelle Dora-Suarez-Leblog, c'est en raison d'un véritable “choc” reçu lors de la lecture de J'étais Dora Suarez, roman (très) noir de Robin Cook, paru en 1990. Ne confondons pas : il s'agit du Britannique Robin Cook, et non de son homonyme américain spécialiste des “polars médicaux”. La vie de Robin Cook (1931-1994), a été marquée par toutes sortes d'expériences aux marges de la légalité, qui lui ont inspiré Crème anglaise (1962, traduction publiée en 1966 chez Gallimard).

Il se trouve que Ludovic Francioli avait eu la chance de rencontrer cet auteur qu'il admirait au hasard d'un séjour dans les Cévennes. Un de ses amis avait surgi en lançant : “Ludovic, il y a Robin Cook au bistrot du village !” L'occasion d'une rencontre, confirmant la personnalité hors normes de l'auteur anglais… et la preuve par l'exemple que rencontrer de visu un auteur est déterminant pour tout lecteur !

“Je ne parle que des choses que j'aime”, nous a précisé Ludovic Francioli, qui récuse le rôle de “critique”, lui préférant celui de “chroniqueur”, et en aucun cas de “référence”. Sa motivation première est de “faire découvrir” ses coups de cœur et lectures marquantes.

2016 sera une “année Dora-Suarez” — avez-vous remarqué la rime ?
Le site web officiel de l'association va prochainement être mis en ligne, à l'adresse www.dora-suarez.com. Les internautes y retrouveront les chroniques de Ludovic Francioli, le calendrier des événements organisés par l'association, ainsi qu'une “web-TV” d'interviews d'auteurs, de reportages et même de “bandes-annonces”, telle celle de la collection dont les éditions AO sont le maître d'œuvre.

Dans le premier volume, qui sera disponible en avant-première le 29 février — une date rare ! — quatre auteurs seront au sommaire, pour quatre textes noirs, bien sûr, dans des registres et des volumes très différents : de la nouvelle brève de dix pages au mini-roman de soixante-dix pages. Le titre, Un petit noir, désigne le thème que les auteurs devaient traiter, en toute liberté. Il s'agit, par ordre alphabétique, de François Boulay, Jacques Morize, Daniel Safon et Philippe Setbon.

Le descriptif complet du livre et de ses auteurs figure à cette page sur le site des éditions AO.

À noter que le lancement officiel de la collection aura lieu en public, dans les locaux accueillants de la librairie-café-polar qui a donné son titre au premier volume, Un Petit Noir, située au 57, montée de la Grande-Côte (Lyon, pentes de la Croix-Rousse). Bloquez donc dans vos agendas le 9 avril à 15 heures (c'est un samedi).

21 février 2016

Orthographe : le retour d'un vieux serpent de mer

Réformer l'orthographe ? La “rectifier” ? Soudain, un vieux serpent de mer datant d'un quart de siècle ressurgit ! Aux éditions AO, nous restons sceptiques…

1. En 25 ans, personne — ou presque – n'a appliqué ces nouvelles règles. La preuve par l'usage (en l'occurrence le “non-usage”) que l'idée n'a pas eu de suites.

2. Ces velléités de “réformer” témoignent d'un symptôme technocratique fréquent dans notre pays. L'enfer est pavé de bonnes intentions. On croit simplifier… et on complique !

Souvenez-vous de l'autoentreprise. L'idée était de simplifier la tâche de ceux qui souhaitent se “mettre à leur compte”. Qu'en a-t-il résulté ? L'ajout d'un nouveau statut venant se superposer à ceux qui existaient. Une couche de plus dans le mille-feuilles. Distorsions de concurrences, effets de seuils (l'exonération de TVA), irréversibilité du basculement dans le régime général… que des effets pervers.
Il en est de même pour l'orthographe. D'un coup d'un seul, voilà qu'il existerait deux orthographes pour plus de 2000 mots de la langue française ! Et on appelle ça une “simplification” ?

3. L'idée même de réforme repose sur le fantasme de la “table rase”. Comme si, du jour au lendemain, on décidait de mettre au feu tous les livres existants (et toutes les pages web à la corbeille informatique), pour, soudain, les remplacer par des textes “conformes” à l'ordre décrété. Comme personne n'osa agir ainsi (ouf !), il en résulte un compromis idiot : “Vous ferez comme vous voulez”.

Imaginez la perplexité d'un éditeur tel que l'auteur de ces lignes. Comment fait-on ? À l'intérieur du même texte, on navigue à vue, écrivant “événement” page 12 et “évènement” page 18 ? Puis l'on accepte “des après-midis” (particulièrement inesthétique) ici, puis “des après-midi” là ? Faudra-t-il envisager des livres “bi-orthographiques”, soit dans le même volume, soit sur option ? (Tiens, une idée pour les ebooks, au passage !) Le pire serait de mélanger les deux orthographes au petit bonheur la chance… Nous avions évoqué sur ce blog la confusion qui résultait de l'emploi simultané dans le logiciel Word des deux orthographes (voir à ce lien). Saluons cependant amicalement au passage la démarche courageuse, quoique utopiste, d'une maison d'édition belge, Quadrature, qui applique l'orthographe rectifiée, mais (1) en le signalant explicitement (2) en ne mélangeant jamais les deux systèmes. Un choix qui a certainement à voir avec un militantisme de la francophonie…

4. Respectons le lecteur. Lors d'un “Téléphone sonne” de France Inter consacré à ce sujet, un auditeur affirmait que la mémorisation de l'orthographe par la lecture était une “légende urbaine”. La preuve, précisait-il, je connais de gros lecteurs qui ont une mauvaise orthographe. Faux ! Les deux profils existent, suivant les lecteurs. Certains ont la “mémoire visuelle”, d'autres non, voilà tout. Pensons donc à ceux qui en sont doués, et ménageons-les, en évitant de semer le doute dans leur esprit.

5. La technocratie est également à l'œuvre dans l'Éducation nationale. Nous avons vu circuler sur Facebook le témoignage de cette institutrice qui enseigne l'orthographe rectifiée à ses élèves et clame que “tout se passe bien”. Quelle irresponsabilité ! Tout se passe bien dans son petit monde clôt. Quid des enfants qui ne verront pas dans le monde réel les graphies que leur a enseignées leur institutrice ? On pourrait argumenter que, tels des enfants bilingues, ils sauront faire la différence et jongler entre les deux. Est-ce bien raisonnable ?

6. Il reste que l'usage commandera. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que l'orthographe est intangible. Ce serait stupide. En revanche, elle ne se décrète pas… sauf dans les dictatures. Le quotidien Le Monde ne s'y est pas trompé, par la voix de la responsable de son service de correction :
«  La vocation d’un journal généraliste comme Le Monde n’est pas de promouvoir les réformes de l’orthographe ou d’aller au-devant des changements et des modernisations de la langue, comme celles que préconisent les “Rectifications de 1990”, résume Marion Hérold. Le Monde est un peu le reflet de la société dans laquelle vivent ses lecteurs : anglicismes, féminisation des mots et simplifications orthographiques et grammaticales doivent être introduits en douceur lorsqu’ils apportent un supplément de sens, illustrent une réalité évidente ou entérinent un usage incontournable.  » Au bonheur des correcteurs, chronique du médiateur, 19 février 2016.
Cela n'a pas empêché le quotidien d'innover, en particulier sur la féminisation des noms communs. Une attitude ô combien plus avisée et utile !

Nous citerons également ce qu'en disait le Dictionnaire d'orthographe et d'expression écrite Le Robert (sous la direction d'André Jouette, 2009) :
« La langue se modifie lentement. Elle n'aime pas les décrets autoritaires. La dernière réforme, victime de son ambition et de ses incohérences, sombra dans l'oubli.
Consolons-nous de nos difficultés en remarquant que la langue anglaise, qui a une orthographe plus compliquée que la nôtre (ce qui ne semble pas nuire à son sucès) n'a jamais pu être améliorée : Anglais et Américains ont reconnu que pour la simplifier, il faudrait la refondre totalement. »
Dans notre monde pressé, l'éloge de la lenteur est salutaire. Et notons au passage la sagesse du pragmatisme anglo-saxon, pour une fois !

13 février 2016

Jacques Morize dans Le Progrès de Lyon

Jacques Morize, auteur aux éditions AO du Fantôme des Terreaux et de Crimes à la Croix-Rousse, est à l'honneur dans Le Progrès de ce samedi 13 février, dans un bel article de Florence Fabre.


Extrait :
« Ce dernier roman a pris deux ans de travail », souligne celui qui truffe ses récits de fausses pistes. Il ne veut pas connaître la fin de son histoire et préfère se laisser guider par l'intrigue et les personnages. Sa recette pour un polar réussi ? « Une bonne qualité d'écriture, un personnage récurrent et attachant et une histoire qui tient la route », résume Jacques Morize. 
Nous souscrivons à ces considérations, notant que “se laisser guider par l'intrigue et les personnages” est beaucoup plus ardu qu'il n'y paraît : l'auteur doit être fortement imprégné de son roman en cours, afin que sa “délibération inconsciente” nourrisse peu à peu l'intrigue, gage de cohérence pour peu qu'on sache apprivoiser de telles intuitions volatiles…

Crimes à la Croix-Rousse est disponible aux librairies… de la Croix-Rousse, bien sûr ! Vous le trouverez chez Vivement Dimanche, à la librairie Les Yeux dans les Arbres, à la librairie des Canuts ou chez Un Petit Noir (sur les Pentes). D'autres librairies-partenaires des éditions AO vous le proposent, à Vaise (Le Scott, Lyon 9), à Villeurbanne (Fantasio, Lettres à Croquer)… Et si vous ne pouvez vous y rendre, le site des éditions AO vous permet de le commander en ligne.