Prélude (qui n'a rien à voir)
De Iain Levison, nous avions déjà lu Un Petit Boulot et Arrêtez-moi là !, deux excellents romans chacun dans leur registre. Les mœurs américaines y sont décrites – et critiquées – avec un humour (noir) dans le premier, et une pertinence effrayante dans le second. L'accroche de la quatrième de couverture de Ils savent tout de vous nous a séduits : “Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens ?” Un thème somme toute classique, prometteur d'un intéressant scénario. Il y a de quoi imaginer, là-dessus ! Sa lecture laisse cependant sur sa faim, la brièveté relative du roman empêchant l'intrigue de se développer suffisamment. Un suspense, policier à sa façon (le FBI est dans la course), avec peu de personnages et quelques scènes réussies, qui semble presque bâclé.
De Iain Levison, nous avions déjà lu Un Petit Boulot et Arrêtez-moi là !, deux excellents romans chacun dans leur registre. Les mœurs américaines y sont décrites – et critiquées – avec un humour (noir) dans le premier, et une pertinence effrayante dans le second. L'accroche de la quatrième de couverture de Ils savent tout de vous nous a séduits : “Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens ?” Un thème somme toute classique, prometteur d'un intéressant scénario. Il y a de quoi imaginer, là-dessus ! Sa lecture laisse cependant sur sa faim, la brièveté relative du roman empêchant l'intrigue de se développer suffisamment. Un suspense, policier à sa façon (le FBI est dans la course), avec peu de personnages et quelques scènes réussies, qui semble presque bâclé.
À propos de personnages, justement… En tant qu'éditeur, nous incitons les auteurs à être toujours très clairs quant aux noms des personnages, afin de ne jamais hésiter au moment où l'un d'eux entre en scène. Levison, au contraire, semble avoir cherché la confusion. L'enquêtrice se prénomme Terry (Theresa, apprenons-nous dans les ultimes pages). Son jeune adjoint est Jerry. Ils ont la lourde tâche de poursuivre un criminel, au prénom de Denny. Enfin, l'un des poursuivants n'est autre que David Kelly. Heureusement, le personnage principal s'appelle Snowe – on a échappé à Billy !
Nous y arrivons…
Au contraire, dans Petits Suicides entre amis, du Finlandais Arto Paasilinna, on s'y retrouve bien mieux. L'épopée surprenante de ce groupe de désespérés qui sillonnent la Finlande en autocar se distingue par son originalité et son humour – noir, évidemment. En dépit de patronymes difficiles à mémoriser, Onni Rellonen, Helena Puusaari ou Hermanni Kempannein, l'auteur a trouvé une astuce toute simple, qui renforce de surcroît l'humour de la narration. Il ajoute fréquemment la qualité de chacun, écrivant “le président Rellonen“, “la directrice adjointe Puusaari” ou le “colonel Kempannein”… et ainsi de suite, avec par exemple “l'extra Seppo Sorjonen” ou l'improbable “capitaine en cale sèche Mikko Heikkinen” ! Un roman réussi, parfois émouvant, écrit dans un style affirmé et inédit. Un amical merci au passage à notre auteur, Daniel Safon, qui nous a prêté ce livre.
Bis repetita
L'autre voyage en autocar relaté dans La Campagne de France, de Jean-Claude Lalumière, est tout aussi attachant ; il met en scène un groupe d'agriculteurs à la retraite. Et nous devons au pur hasard d'avoir lu à la suite ces deux “road-movies” (“road-novel” est moins fréquent). Un genre pas facile, mais qui, maîtrisé, recèle bien des richesses. Lalumière tient ses promesses du réjouissant Le Front russe, qui nous avait enthousiasmés. Cette campagne est moins brillante, plus subtile, un tantinet mélancolique, et, rassurez-vous, tous les voyageurs sont aisément repérables, au premier rang desquels les seuls jeunes personnages, organisateurs du voyage, Otto et Alexandre. La couverture de l'édition en Livre de Poche est très réussie, de surcroît.
Le hasard – tragique ! – a voulu que nous achevions ces lectures de voyages en autocars le jour du drame de la Gironde (Puisseguin), dans lequel plus de quarante personnes ont trouvé la mort… L'accidentologie a ses terribles probabilités, proportionnelles au nombre de véhicules en circulation. Si le transport en car est plus sûr que la voiture individuelle, il l'est moins que le train. Mais ce n'est pas politiquement correct de parler de cela aujourd'hui (confer Noël Mamère).