09 octobre 2025

Vengeances tardives : à la rencontre d'un auteur caluirard, médiathèque Bernard-Pivot de Caluire

Parmi les actions de promotion des livres des Éditions AO, celle qui a été conçue spécialement pour la médiathèque Bernard-Pivot de Caluire a été remarquable à bien des égards.

Une mise en scène soignée

Avec le concours de comédiens professionnels (le groupe Camaïeu), une soirée de présentation des quatre romans d'Henry Carey, auteur aux Éditions AO depuis une douzaine d'années, a permis de les faire découvrir au public d'une façon originale, complète et non dénuée d'émotion. Nous remercions ici chaleureusement les responsables de la médiathèque de nous avoir reçus le 3 octobre dans leur très belle salle de conférence. Merci donc à Hélène Saleix, Sylvie Sadgui et Sylvain Deflache.


Vengeances tardives, à la rencontre d'un auteur caluirard

Le thème de la soirée s'intitulait "Vengeances tardives", jeu de mots sur les bien connues "vendanges", la vengeance (vendetta en italien) étant le thème central de tous les romans d'Henry Carey.

Le groupe Camaïeu rassemble notamment la comédienne Françoise Gambey, le comédien Olivier Rougerie, sous la houlette de Gérard Guipont, qui a assuré la mise en place de l'événement.


La rencontre s'est déroulée selon les étapes suivantes :

  • Présentation des Éditions AO par leur gérant, Jean-Luc Tafforeau (rédacteur de ce blog)
  • Résumé "animé" de chacun de ses trois premiers romans sous forme d'un dialogue rapide entre les comédiens, suivi de la lecture d'un extrait.
  • Présentation plus approfondie de la nouveauté de la rentrée littéraire, Alumni, l'ultime vendetta, avec la lecture, cette fois, de sept extraits du roman.
  • Henry Carey a été alors invité à nous rejoindre sur scène pour une séance de questions-réponses émanant tant du public que des organisateurs.

Un exemple, la présentation de Chambres noires, nuits blanches, le deuxième roman de Henry Carey (2017) :



Jean-Luc Tafforeau (ci-contre) – En 2017, cinq ans après les six yaourts paraît ce deuxième roman de Henry. Le genre littéraire ? Toujours le suspense. Cette fois sous le signe de la dualité comme le suggère le titre. Un double récit pour un double suspense. La marque de fabrique d’Henry consiste à imaginer une construction particulière pour chaque roman. La contrainte de construction choisie par Henry pour celui-ci consiste à faire relater l’histoire successivement par deux narrateurs... Et nous voilà dans le drame le plus absolu. Mais avec des notes d’humour, cependant. Car l’auteur ne se prend pas au sérieux, pour notre plus grand plaisir. Un ton sarcastique, de l’humour noir ciselé !

Partie de "ping-pong" entre Françoise Gambey (FG) et Olivier Rougerie (OR)

FG – Une chambre d’hôpital…

OR – Blanche ? Oui, dans son aspect…

FG – Noire, plutôt… étant donné ce qu’elle cache.

OR – Olivier a subi un très grave accident de voiture.

FG – Il ne peut ni parler ni bouger… Mais il entend tout !

OR – Y compris le médecin qui organise déjà le don de ses organes après son décès !

FG – Sa femme, Aurore, est à son chevet, éplorée et toujours amoureuse

OR – Olivier nous raconte ce qu’il ressent, ses nombreuses interrogations

FG – Qu’en est-il vraiment ?

OR – Il faudra attendre la deuxième partie de ce double suspense pour en savoir plus…

FG – La même histoire… relatée d’un autre point de vue.

OR – Du point de vue de l’auteur du crime, cette fois

FG – Car c’est d’un crime qu’il s’agit !

OR – De quoi connaître des nuits blanches, vous en conviendrez

FG – Olivier, la victime, se remettra-t-il de ses blessures ? / de son accident ?

OR – Et si oui, prendra-t-il sa revanche ?

FG – Rien n’est moins sûr…

Extraits du prologue du roman

FG – On dirait que la vaste fumisterie que fut ma vie va bientôt se terminer. Enfin, c’est ce que sous-entend le carabin en s’adressant à ma femme, que j’entends sangloter en silence : « Comprenez-moi bien, madame. Nous avons fait tout ce qui était humainement et médicalement possible pour maintenir votre mari en vie. Aujourd’hui, je l’avoue, notre pronostic est qu’il n’y a plus d’espoir de réveil. […] Sincèrement, madame, la meilleure décision que vous puissiez prendre est de signer le  consentement afin de lui offrir une fin paisible et digne, accompagnée par une présence médicale constante. Vous serez à ses côtés à tout instant si vous le souhaitez. À propos, puisqu’il n’avait pas exprimé la volonté de donner ses organes, pouvez-vous nous accorder enfin votre autorisation ? Ils sont tous dans un état parfait et cela sauverait de nombreuses vies. »

OR – Il ne manque pas de toupet, le toubib. C’est légal ça ? Pour qui il se prend ? Non seulement il veut m’envoyer ad patres, sans tenir compte de l’avis du Grand architecte, mais, de surcroît, il insiste pour me découper et me refourguer en pièces détachées à différents clampins. Il a de la suite dans les idées, ce mec ! Heureusement, mon épouse reste digne. C’est une femme exceptionnelle. […]
Le silence devient pénible. L’autre est sus-pendu à la réponse de ma chère et tendre, il doit sûrement avoir la bouche ouverte, la lippe pendue et un sourire obséquieux. Je le soupçonne d’empoigner déjà la seringue avec la suspension létale dans sa poche, le fumier. 
Se doute-t-il, ce con, que depuis six mois que je suis là, allongé, inconscient, incapable de bouger, j’entends tout ce qui se dit autour de moi ?
Croyez-moi ! Parfois, cela vaut le détour.