Et si l'on parlait de “séries à personnage récurrent”, un genre que les éditions AO abordent avec “Profession : Régulateur” ?
Ce n'est pas un hasard. Nous apprécions la familiarité qui se construit quand on retrouve, de roman en roman, un personnage attachant évoluant dans un contexte qui rappelle de jolis souvenirs.
C'est typiquement le cas des romans policiers de Donna Leon : depuis 1997, au rythme métronomique d'un par an, l'auteure américaine résidant à Venise publie les enquêtes du commissaire Guido Brunetti. Inévitablement, la qualité décline lentement avec le temps. Difficile d'être toujours au sommet !
Nous venons de lire Requiem pour une cité de verre, qui se révèle poussif, d'un rythme excessivement lent, et à l'intrigue somme toute moyenne.
Notons cependant au passage la grande qualité de la traduction, dont William Olivier Desmond est l'artisan soigneux depuis l'origine, et qui, elle, ne décline pas. Heureusement que le traducteur est là pour nous éviter les anglicismes et atténuer les répétitions que les anglo-saxons supportent, contrairement aux francophones !
Les points forts de la série sont les dialogues, ciselés, détaillés – parfois trop ! – ainsi bien sûr que la toile de fond : Venise ! Ne vous attendez cependant pas à ce que Donna Leon vous aide à visualiser la Sérénissime. Depuis quelques années, plus aucune description, pas la moindre touche de couleur, c'est à votre imagination de construire le décor, selon un parti typiquement anglo-saxon. Parfois, on se dit qu'on pourrait déplacer les romans à Paris juste en modifiant les noms… les transports fluviaux mis à part ! (quoique, avec quelques bateaux-mouches bien placés…)
Une série télévisée allemande s'inspire de ces romans. N'ayant jamais eu l'occasion de les visionner, nous ne savons pas ce que cela donne. Au moins, le décor est-il présent ! Quant à Brunetti, comme il n'est jamais décrit par l'auteure, il a été facile de lui donner l'apparence d'un bellâtre, ce devait être plus vendeur. Pour autant, ayant lu une douzaine de ces enquêtes, nous n'imaginions vraiment pas Guido Brunetti incarné par Uwe Kockisch (voir ci-dessus).
Son comportement, sa façon de s'exprimer et ses pensées, tels qu'ils
émanent des romans, font plus songer à un homme de taille moyenne, au
physique assez banal, avec tout juste une lueur de subtilité dans un
regard par ailleurs fatigué.
Recherches faites sur le Web, on s'aperçoit que dans les premiers épisodes, c'était Joachim Król qui interprétait Brunetti. Sa physionomie se rapproche incomparablement mieux de celle que nous avions en tête (ci-contre).