Voici la reproduction des vœux inclus dans notre emailing du 17 janvier dernier. Le 17 ? Comme 2017, ça tombait à pic !
Politique-fiction : un art difficile !« Que le “pouvoir des livres”, que Paul Auster nous invite à ne “jamais sous-estimer”, vous offrent à toutes et à tous de belles oasis de paix et de sérénité : se plonger dans un livre, privilège immense dans notre société éclatée et éparpillée “façon puzzle”, autant d'occasions de se déconnecter et de se réunifier, autant de moments de partage avec nos auteur(e)s. »
L'année 2017 promet d'être agitée… ne serait-ce que politiquement, avec cette élection présidentielle incertaine, fluctuante, suscitant emballements, affrontements, avalanche de candidatures redondantes, primaires aux résultats aussi imprévus que douteux – nous verrons demain, dimanche 22.
Car la politique-fiction est un art difficile, dont les scénarios se périment à toute allure.
Le roman de Houellebecq, Soumission, qui vient de reparaître en format poche, n'échappe pas à cet écueil. Il imagine en effet l'élection présidentielle de 2022, au terme du second mandat de François Hollande, réélu en 2017 contre Nicolas Sarkozy (!), et dont Manuel Valls serait le premier ministre (re-!). Marine Le Pen serait en tête du premier tour, un front républicain inédit se préparerait… Retour vers le futur, ou fiction déjà dépassée ? Quand l'auteur évoque des “touristes armés de caméscopes”, on mesure combien il est risqué de se projeter dans l'avenir, aussi proche soit-il…
Mais revenons à l'édition !
La semaine passée, les éditions AO ont enregistré leur huit millième vente de livre, à l'orée de leur huitième année d'exercice. Mille exemplaires par an, un chiffre à la fois modeste et conséquent. Auto-diffusées, les éditions AO doivent en effet déployer énergie, enthousiasme, professionnalisme et opiniâtreté pour que leurs livres trouvent leurs publics.
L’activité des éditions AO reste d’une échelle modeste : vendre 1000 exemplaires par an est un vrai défi, sachant que nous ne nous sommes pas engagés dans la diffusion “universelle”, trop risquée – imprimer 3000 exemplaires, les confier à un diffuseur… et risquer de devoir en pilonner 2500. Nos canaux de distribution sont le web (ventes sur le site AO par PayPal, présence sur Amazon, incontournable), les librairies (référencement dans les bases de données Dilicom et Electre) surtout quand elles acceptent de “mettre en avant” les livres AO (exemple de Vivement Dimanche à Lyon, qui a écoulé 90 exemplaires de Crimes à la Croix-Rousse), ainsi que les auteurs (séances de dédicaces, salons du livre, activation de leurs réseaux personnels).
Ci-dessous la répartition des ventes de 2016 (cliquez pour zoomer). Si tout va bien, nous aimerions doubler ce score en 2017 – mais rien n’est joué !
Et pour tout dire (titre de la dernière publication AO), cette activité éditoriale n’est ni un hobby, ni du mécénat, ni du bénévolat. Étant travailleur indépendant, le gérant des éditions AO tire ses revenus exclusivement de son activité, autrement dit des rentrées de chiffre d’affaires (et d’honoraires pour la partie informatique). Allier prise de risques éditoriaux, rentabilité (modeste) et enthousiasme sont nos trois motivations. Continuons le combat !
Pour 2017, sont d’ores et déjà inscrits au programme la parution de nouveaux romans d’auteurs AO : Henry Carey, Jacques Morize et Daniel Safon. La collection Dora-Suarez-LeBlog s’enrichira d'un troisième opus, Au fil de l’eau. Une incursion dans le domaine de la musique est sur le point de se concrétiser, avec Paul McCartney, la playlist des années solo, signé de… votre serviteur. D’autres projets sont en préparation, même s’il est encore trop tôt pour les dévoiler.
Et si vous trouvez que le temps “file” trop vite, comme nous le remarquions en préambule, allez voir le dernier film de Jim Jarmusch, Paterson. Sept jours de la vie d'un jeune couple. Lui, chauffeur de bus, elle artiste en devenir, rêvant de mettre au monde des jumeaux. Il y est question de création : Paterson écrit de magnifiques poèmes sobres et concis, sa compagne agrémente leur environnement de motifs noirs et blancs : rideaux, vêtements et pâtisseries ! Un chien facétieux observe leurs gestes d'un œil goguenard… Au fil des jours, le spectateur ressent comme un ralentissement du temps, prend conscience du merveilleux qui se niche dans les petits faits du quotidien, vibre avec les êtres profondément humains qu'il voit vivre sur l'écran… jusqu'à avoir la sensation d'arrêter, de suspendre l'écoulement du temps, en symbiose avec la délicate poésie qui émane de ces deux jeunes Américains. C'est stupéfiant ! Et ce n'est qu'en rallumant son portable en sortant du cinéma qu'on s'avise que le réalisateur les a bannis du quotidien de ses personnages… Ce n'est pas un hasard. Nous avons vécu une heure trente durant dans un oasis cinématographique !