Pourquoi les mots “auteure” ou “autrice” provoquent-ils chez elle une telle réticence ? s'interroge-t-elle.
En premier lieu pour des raisons de musicalité de la langue, notion subjective s'il en est, mais qui ne manque pas de pertinence, comme le fait que “autrice” lui fait penser à “motrice” ou à “eau triste” (très poétique !).
Claire Gratias poursuit en notant que “si j'étais un homme, je me serais peut-être empressé d'adopter ‘écrivaine’ ou ‘autrice’ afin de prévenir toute accusation de sexisme”. En tant qu'éditeur (homme, donc), nous ressentons la même injonction… Puis elle rétorque : “Mais je suis une femme, dont écrire est le métier, je me dois donc d'être d'accord avec ce nouvel usage, ma réticence devenant suspecte. Or, ce qui me gêne, ce n'est pas que la langue évolue, c'est cette pression exercée au nom de la bien-pensance.” Quand on parle d'injonction…
Les phrases les plus convaincantes de l'article sont à notre avis celles-ci :
“Il me semble au contraire que l'égalité entre les hommes et les femmes sera avérée le jour où la féminisation systématique ne sera plus nécessaire. À l'instar de la parité, elle ne fait selon moi que souligner l'impuissance d'un corps de métier à accéder à la même considération que son pendant masculin.”
Cette nouvelle pièce méritait d'être versée au dossier de la féminisation des noms de métiers et de fonctions.