Parmi les coquilles fréquemment rencontrées dans les textes que nous révisons, mais aussi ceux que nous lisons pour le plaisir, figure cette confusion extrêmement fréquente entre trois verbes : dénoter, détoner et détonner. Nous venons de la retrouver dans ce livre de souvenirs de Jean-Paul Belmondo, Mille vies valent mieux qu'une (Fayard, 2016 et Le Livre de Poche) à deux reprises (*). De quoi douter !
Ouvrons un dictionnaire…
Dénoter
Indiquer, désigner par quelque caractéristique. Exemple : “Son attitude dénote un certain courage.”
Note : ce verbe est transitif. On ne peut “dénoter” tout court…
Détonner
Sortir du ton, autrement dit : chanter ou jouer faux.
Plus largement : ne pas être dans le ton, ne pas être en harmonie avec un ensemble.
Une couleur peut ainsi détonner avec d'autres, une phrase détonner dans un discours par rapport à son ton d'ensemble…
La confusion rencontrée à de si nombreuses reprises consiste à utiliser le verbe dénoter alors que le sens est à l'évidence détonner. Peut-être parce que dénoter pourrait faire penser à “ne pas être dans la note” (de musique), allez savoir ?
Détoner
Exploser avec bruit. Un mélange gazeux peut soudain détoner. “Détonation”, utilisé correctement, en vérifie la pertinence.
À noter, donc, qu'il nous faut sans cesse annoter les textes relus, en relevant les usages incorrects de ces trois mots.
(*) Par exemple page 101 de l'édition poche : “Vieux sociétaire de la Comédie-Française, […] il dénote par son goût pour la marginalité, l'originalité.”