L'objectif était de prendre un cliché du mont Blanc en vue de la couverture du livre Sacré mont Blanc ! dont je préparais l'édition.
Peu après 7h30, après avoir déposé ma voiture au parking du téléphérique La Flégère-Index, j'entamais la montée après avoir dépassé le (luxueux) terrain de golf. La montée s'effectue à l'ombre, dans un calme et une solitude complets.
Le soleil doit patienter quelques minutes derrière l'arête des Grands Montets de l'aiguille Verte.
Vers 9 heures, au pied du pylône du téléphérique, le soleil se lève, tandis qu'une benne passe au-dessus de ma tête.
Tout au fond, les Grandes Jorasses émergent, tandis que le quatuor Charmoz-Grépon-Blaitière-Plan entame un concerto pour neige fraîche et soleil levant.
Déjà, le mont Blanc s'éclaire. Il est 9h30, je suis à 1700 mètres d'altitude environ, sous la Flégère. Je réessayerai plus haut ce cliché. Le Toit de l'Europe fait encore le modeste, perspective aidant.
Après avoir dépassé la Flégère, je poursuis la montée vers l'Index, essayant de court-circuiter certains virages de la piste de ski par des raccourcis directs.
Côté Mer de Glace, la perspective évolue. Toujours la muraille des Jorasses, qui ferme l'horizon côté italien, tandis que les Drus se rappellent à notre bon souvenir, avec leur “niche” caractéristique en face nord. L'aiguille de la République flanque élégamment les Grands Charmoz.
Sans zoomer, la petite aiguille du Foué semble vouloir en imposer, face aux neiges éternelles… Une part appréciable du Massif du Mont-Blanc développe ses nombreux sommets, des Aiguilles de Chamonix à Bionnassay.
Une cordée profite de la température estivale, dans l'un des itinéraires de la face est de l'Index. Il est 11h30. Je “bulle” à proximité de la station supérieure de la télécabine, mitraillant le mont Blanc.
À 11h34 très exactement, je prends le cliché P9152690 qui sera finalement retenu pour la couverture de Sacré mont Blanc ! À 2400 mètres d'altitude, avec le recul nécessaire, le mont Blanc acquiert son échelle, tandis que tous ses satellites sont bien visibles : Tacul, Maudit, dôme et aiguille du Goûter. La face nord de l'aiguille du Midi, encore à l'ombre, donne une idée du dénivelé entre le Plan de l'Aiguille ou la Jonction, à la limite de la neige fraîche tombée quelques jours plus tôt, et les 4000. Les zig-zag de la voie Mallory, en forme de S, sous le sommet, sont bien visibles.
Éditeur paresseux ? Sans nul doute. Après être monté tranquillement de quelque 1300 mètres, voici que je descends par… le télésiège de l'Index, tentant de prendre d'autres photos, mais gêné par les câbles (le télésiège “roule à gauche”, du mauvais côté !)
Mieux vaut se tourner de l'autre côté, et rendre hommage à ces superbes montagnes du fond de la Vallée. Mesdames, messieurs, voici, par ordre d'entrée en scène dans le sens de la lecture :
Le Chardonnet (3824 m), l'aiguille d'Argentière (3901 m, eh oui, pas si loin des 4000 !) et ceux qu'on ne présente plus : l'aiguille Verte (4122 m), sa voisine “nommée”… l'aiguille Sans Nom (!) et les Drus (3754 m), sachant qu'ils sont deux, d'où le pluriel, le petit et le grand, qu'on ne peut distinguer ici. Ces sommets sont chers à mon cœur. À l'exception notable des Drus, j'ai eu la chance inouïe de les visiter sous la conduite du guide Gilbert Pareau : l'arête Forbes au Chardonnet (1991), l'aiguille d'Argentière par le couloir en Y (1988) puis l'arête de Flèche Rousse (1994), et la Verte – sacré sommet, cette aiguille Verte ! – par le couloir Couturier (1988). Nostalgie, quand tu nous saisis…