Ce récit a été publié dans sa version intégrale dans Mes rimotises du mont Blanc, de Jean-Luc Tafforeau (éditions AO, 2022).
Je m’étais juré, à l’âge de 15 ans, qu’un jour je monterais au sommet du mont Blanc, après qu’un ami de la famille nous ait fait découvrir la haute montagne, à mon frère et moi.
C’est à 28 ans que j’ai pu réaliser ce rêve.
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Les Trois-Monts
Je voulais faire la traversée, des Trois Monts dont on m’avait vanté maintes fois la beauté incomparable à l’autre trajet plus classique partant de Saint-Gervais. Lors de la réservation, j’avais mentionné que je souhaitais monter au refuge des Cosmiques pour partir ensuite en pleine nuit pour le mont Blanc. Mais voilà, deux jours avant l’expédition, le guide qui m’avait été attribué m’appelle en disant que vu les conditions climatiques qui risquaient de devenir mauvaises, il vaudrait mieux monter directement au mont Blanc le premier jour, en partant par la première benne de l’aiguille du Midi. Premier stress qui venait bouleverser mes plans, mais après tout, pourquoi pas ? Ma seule peur : ne pas pouvoir monter assez vite pour éviter de revenir dans une neige fondante, avec des séracs plus menaçants…
Jour J !
Le jour J, un 6 août, en pleine forme, avec un peu d’appréhension et beaucoup de détermination, me voici dans la benne à 7h du matin en compagnie du guide et d’une foule d’alpinistes. Arrivés en haut, on est obligé de maîtriser la trépidation et l’impatience pour pouvoir s’équiper correctement. On s’élance ensuite, parmi les premiers, sur la petite arête descendant de l’aiguille du midi pour aller vers le refuge des Cosmiques. On dépasse ce refuge pour attaquer la première des trois montées qui jalonnent ce parcours, l’épaule du Mont-Blanc du Tacul. Elle est réputée dangereuse à cause des plaques glacées qui peuvent se décrocher à tout moment, certains guides refusent même les course vers le mont Blanc, je l’ai appris ensuite, pour ne pas avoir à passer par là. L’idée de ce danger ne me quittait pas en entamant cette montée et m’a fait démarrer très – trop – rapidement, résultat, un premier gros doute en arrivant aux trois quarts de cette montée, avec les jambes coupées.
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Le Mur de la Côte
La troisième et dernière montée vers le mont Blanc, appelée le Mur de la Côte, porte très bien son nom : c’est une montée raide et monotone, en lacets, avant d’arriver sur le sommet. Là, la fatigue est extrême, mais l’impatience monte avec l’altimètre, ponctuée par les encouragements du guide…
Le sommet !
Enfin le sommet ! Enfin ? Déjà, devrais-je plutôt dire ! Ma peur de redescendre trop tard conjuguée aux encouragements du guide m’avaient fait marcher en réalité beaucoup plus rapidement que les autres cordées et on était arrivés en 4h45 ! Moins de 5 heures ! Félicitations du guides et photos… avec son téléphone portable, car mon appareil photo ne voulait pas s’allumer depuis le début de l’ascension. Je devais m’apercevoir plus tard que j’avais en fait mis la pile à l’envers… coïncidence ? Cette excursion devait-elle rester uniquement dans mon cœur et mes souvenirs ? Peut-être, et dans ce cas c’est réussi, les souvenirs sont encore aujourd’hui d’une clarté limpide.
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Marie-Laure • 2007
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